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« il parlait à Napoléon comme je vous parle ; il faisait sa cour à l’Impératrice ; il est bien le père de la patrie ! »

Au-dessous de l’église, une grande maison bourgeoise est habitée par le savant numismate Borghesi. Mon guide prétend que ce correspondant de l’Institut travaille tous les jours jusqu’à l’heure du souper et se grise ensuite. Mais je suis persuadé que le digne cicérone calomnie la seule gloire de son petit pays.

Le drôle s’est bien gardé de me conter un fait que je savais et que personne n’ignore en Italie. En 1849, après la prise de Rome, Garibaldi et les restes de son armée se réfugièrent sur le territoire de Saint-Marin. Les républicains de la petite république achetèrent à vil prix les chevaux, les harnais, les armes et tous les effets précieux qui étaient restés aux proscrits : après quoi ils les engagèrent à chercher un autre asile. C’est peut-être ce souvenir qui m’a rendu sévère pour les habitants de Saint-Marin. D’ailleurs, je ne sais pas voir les choses en beau quand je suis aveuglé par la pluie, et le lecteur est libre d’adoucir à son gré l’amertume de ce jugement.


Si la république de Saint-Marin était un jour absorbée dans quelque grande monarchie, les archéologues de la politique s’écrieraient en versant, des larmes amères : « Elle a donc péri, cette forteresse de la liberté ! » Reste à savoir si une peuplade illettrée, farouche, cupide et misérable, mérite le nom de peuple libre.