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chênes verts. Les murailles se rejoignent au-dessus des allées et les enveloppent d’une ombre fraîche et mystérieuse. À droite, une terrasse d’un style noble encadre un bois de chênes verts, tordus et éventrés par le temps. J’y vais quelquefois travailler à l’ombre ; et le merle rivalise avec le rossignol au-dessus de ma tête, comme un beau chantre de village peut rivaliser avec Mario ou Roger. Un peu plus loin, une vigne toute rustique s’étend jusqu’à la porte Pinciana, où Bélisaire a mendié, dit-on. On y voit du moins une pierre ornée de l’inscription célèbre : Date obolum Belisario. Les jardins petits et grands sont semés de statues d’Hermès et de marbres de toute sorte. L’eau coule dans des sarcophages antiques ou jaillit dans des vasques de marbre : le marbre et l’eau sont les deux luxes de Rome ; nous ne les connaissons que de réputation, à Paris.

Cette belle propriété de la France est adossée dans toute sa longueur aux remparts de la ville. Elle confine d’un côté à la promenade du Pincio, de l’autre au couvent français de la Trinité. Comme elle domine Rome entière, elle a le privilège de l’embrasser d’un seul coup d’œil.

L’Académie pratique largement l’hospitalité. Ses jardins sont publics ; ses galeries d’étude et ses séances de modèle sont accessibles aux jeunes artistes de tout pays ; ses salons s’ouvrent une fois par semaine à tous les Français de la bonne compagnie ; son territoire est un asile inviolable où la police romaine n’a pas le droit de poursuivre un accusé.