Aller au contenu

Page:About - Rome contemporaine.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est aller à l’Opéra sans entendre la musique. Promenez-vous à pied dans les rues et tâchez de ne jamais savoir votre chemin ; le hasard vous conduira aux bons endroits. Si vous entrez dans une église, ne regardez pas seulement ce qui y est ; observez aussi ce qu’on y dit et ce qu’on y fait. Engagez la conversation avec tous ceux que vous rencontrerez. Vous n’êtes pas en Angleterre : n’attendez pas qu’on vous présente à un maçon pour le questionner : il répondra. Je ne vous promets pas qu’il vous répondra la vérité, ni lui ni personne. Tous les Italiens, riches et pauvres, sont défiants par nature, car ils ont presque toujours été dupes. Vous aurez beaucoup de mal à tirer un oui ou un non de vos interlocuteurs. Ne vous découragez pas si l’on vous regarde avec inquiétude et si l’on vous fait une réponse évasive quand vous demanderez l’heure qu’il est.

« La société romaine est divisée en trois classes : la noblesse, la plèbe et la classe moyenne qui s’agite entre les deux. La noblesse est hospitalière et elle vous recevra si vous voulez mais il y a peu de chose à en dire. Les princes de l’Église et les princes romains en ont fini depuis longtemps avec le népotisme et le sigisbéisme. Les cardinaux sont pauvres, et les grandes dames vont dans le monde sans amant.

« La plèbe est plus curieuse à observer, mais on la connaît déjà par les études des artistes. Ils ont rencontré le pittoresque des mœurs en cherchant le pittoresque des figures et des costumes.

« Ce qu’il y a de plus intéressant et de moins connu, c’est la classe moyenne. Elle s’étend très-loin ; elle comprend tout ce qui n’est ni noble ni mendiant, depuis les plus modestes marchands du Cours jusqu’aux anciens ministres