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Page:About - Rome contemporaine.djvu/77

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de 1848. Tous les avocats, tous les médecins, tous les employés et le ministre lui-même, lorsque par hasard il n’appartient pas à la prélature, font partie de ce monde intermédiaire qui n’a aucun contact avec le grand. C’est la classe moyenne qui travaille, qui progresse, qui remue et qui menace. Elle a fait la révolution de 1849 ; elle peut faire mieux, elle peut faire pis : il y a beaucoup à craindre et beaucoup à espérer de ces gens-là. Où les rencontrerez-vous ? Ils vivent entre eux, chez eux. Bon nombre passent moitié de l’année dans les champs. On les appelle marchands de campagne ; ils cultivent les terres des grands seigneurs, payent des fermages énormes, et font fortune sans en avoir l’air. On m’assure que plusieurs d’entre eux sont très-intelligents et très-honnêtes, mais je doute que leur compagnie vous agrée, car ils ont peu d’idées communes à échanger avec vous. En supposant que le vrai monde vous permette de fréquenter celui-là ; en supposant que le monde moyen consente à vous recevoir, il vous sera plus que difficile de fréquenter les deux à la fois. Ils ne font rien de la même façon, ni aux mêmes heures.

« Cependant, je suppose que vous ayez la patience, le talent et le bonheur nécessaires pour approfondir la société romaine : vous ne serez pas encore bien avancé. Rome est une ville d’exception, qui ne ressemble à aucune autre. Il ne faut pas juger l’Italie d’après elle, ni même l’État romain. C’est un magnifique échantillon, mais la pièce est d’une autre étoffe.

— N’importe, répondis-je. Commençons toujours par connaître Rome. Il me semble que si je me tire d’ici à ma gloire, le reste ira tout seul et me coûtera peu d’efforts. »