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Page:About - Rome contemporaine.djvu/96

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rites qui se partagent la population israélite. Nous avons le rite italien, le portugais, le catalan et le sicilien. Les synagogues sont propres et modestes ; leurs paroisses sont sales à faire frémir.


Certes, la voirie publique laisse beaucoup à désirer dans la capitale du monde chrétien. Il y est trop permis de salir les rues, et l’on se donne trop peu de mouvement pour les nettoyer. Les fenêtres s’ouvrent trop souvent pour laisser tomber des choses horribles ; les provisions de linge qui sèchent le long des maisons et des palais font croire aux étrangers qu’ils entrent dans la capitale de la blanchisserie mais on n’y voit plus que des lys et des roses lorsqu’on revient du Ghetto. Dans la ville chrétienne, la pluie lave les rues, le soleil sèche les immondices, le vent emporte la poussière ; il n’y a ni pluie, ni vent, ni soleil qui puisse nettoyer le Ghetto ; il faudrait, pour le purifier, une inondation ou un incendie.

Vous avez peut-être entendu parler de cette rage de reproduction qui possède la race romaine ; on ne rencontre pas une femme qui n’ait au moins un enfant sur les bras. Mais au Ghetto, c’est bien autre chose. Les enfants y naissent par grappes, et chaque famille y compose une tribu. S’il faut en croire le dernier dénombrement, il y a 4 196 Hébreux dans cette vallée de fange. Ils vivent dans la rue, debout, assis, couchés au milieu des haillons ; il faut bien regarder devant soi pour ne pas commettre un infanticide à chaque pas. Le type est laid, le teint livide, la physionomie dégradée par la misère. Cependant