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Page:About - Rome contemporaine.djvu/98

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de la ville habitée. C’était bien loin : vers le quatorzième siècle, on se relâcha de cette rigueur, et il leur fut permis d’habiter le Transtévère. Entre 1555 et 1559, ils firent un nouveau pas : Paul IV les établit au Ghetto. Les portes de leur prison se fermaient tous les soirs : à dix heures et demie en été, à neuf heures et demie en hiver. Si quelqu’un rentrait après l’heure, ce n’était jamais sans payer la complaisance des soldats de garde. Les propriétaires de leurs maisons étaient des catholiques fervents ou des communautés religieuses, qui pensaient faire œuvre pie en les rançonnant sans pitié. Cet abus excita la compassion d’Urbain VIII. Il crut faire acte de justice et de prévoyance en fixant une fois pour toutes le prix des loyers. Telle maison serait louée dix écus, telle autre quinze, par un bail d’emphytéose perpétuelle, transmissible à la postérité la plus reculée ; et, moyennant dix écus, le propriétaire serait tenu d’exécuter toutes les réparations nécessaires. Urbain VIII est mort il y a deux cent trente-quatre ans, et sa bulle imprudente a toujours force de loi. Il s’ensuit que les loyers ont augmenté dans tout l’univers, excepté au Ghetto. Les locataires israélites vivent littéralement aux frais de leurs propriétaires. On m’en a montré un qui est entretenu par un couvent d’Ursulines. Il loue pour trente écus une maison des plus grandes et des plus marchandes ; il la sous-loue quinze fois plus cher, c’est-à-dire quatre cent cinquante écus, et comme le bâtiment n’est pas neuf, les Ursulines ont pour cent écus de mortier à remettre tous les ans. Elles sont réduites à poursuivre devant les tribunaux un locataire si onéreux pour qu’il consente à garder la maison au pair, sans payer de loyer, mais sans demander de réparations. Mon juif se