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collective, d’une conscience qui ferait comme embrasser la nôtre, étant, par rapport à la nôtre, ce que la nôtre est aux « sensations inconscientes » hypothétiques. Pour l’exprimer dans les termes de Lazarus, on pourrait dire que l’individu humain est un peuple ; aussi bien que le peuple, il est une collectivité composée ; « une idée est à l’âme individuelle ce que l’âme individuelle est à l’âme sociale ». D’une manière plus précise, cependant, le concept de « l’âme sociale » pourrait être comparé aux « sensations élémentaires inconscientes » qui sont admises dans la psychologie contemporaine, à ces « infinitésimales psychiques », dont se composent, comme les corps des atomes, tous les états de notre âme. Car, ces sensations, quoique tout à fait inaccessibles à notre conscience, entièrement homogènes et simples dans son essence, correspondant aux simples chocs nerveux, aux « infinitésimales physiques », sont néanmoins des sensations, pour soi-même, elles apparaissent à elles-mêmes comme un phénomène psychique, elles puisent la raison de leur existence dans leur propre conscience, élémentaire, distincte de la nôtre. La synthèse de ces consciences élémentaires, c’est notre conscience ; d’elles, comme les corps des éléments chimiques, se composent nos idées, représentations et sentiments, et ce que nous apercevons en nous, comme des états psychiques simples et homogènes, ce sont, en réalité, des agglomérations d’une quantité infinie d’éléments hétérogènes, d’atomes sensitifs imperceptibles pour nous. Donc, l’unité de notre conscience est une unité apparente, unité de caractère synthétique, comme l’unité de l’organisme, et, sous elle, des milliers de petits êtres cachent leur existence, bouillonnent d’une vie psychique indépendante, tout comme dans l’ensemble vivant de l’organisme, se cache une grande quantité de cellules micro-organismes qui, quoiqu’elles entrent dans les processus biologiques de l’ensemble, possèdent néanmoins leur vie propre et distincte, leur force de génération et d’assimilation. Dans le même rapport se trouve notre conscience individuelle, à la conscience sociale. Chacun de nous sent et pense séparément des autres, à sa propre manière ; autant qu’il y a d’individus humains, autant de sphères fermées de la conscience, impénétrables mutuellement les unes aux autres ; mais, ne pouvant réagir les uns sur les autres directement, elles se synthétisent dans une conscience plus élevée, sociale, pareillement aux monades de Leibniz, qui coopèrent entre elles par l’intermédiaire de Dieu, ou bien aux sensations élémentaires qui le font par l’intermédiaire de notre conscience. C’est donc cette conscience collective, plus élevée,