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Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/62

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pensée, celui d’Anna se sent brûler par celles qu’elle porte… Elle les arrache de sa ceinture, les brise, les foule sous ses pieds, et, cet effort ayant ouvert la source des larmes que la violence du désespoir retenait, elle pleure avec sanglots, elle gémit, et, tombant épuisée sur la terre, elle croit qu’en effet Dieu la prend en pitié et qu’elle va mourir !

Pendant plusieurs jours Anna fut comme frappée de folie, surtout aux yeux de ceux qui l’entouraient, pour qui son désespoir déchirant était un profond mystère. Nous avons fait connaître sa mère et son père. La tendresse de l’une était aussi aveugle que la dureté de l’autre… Anna pleurait, et pleurait solitaire sur une couche qui devait être pour elle un lit de mort, et sur laquelle, pendant plusieurs semaines, elle souffrit tous les maux de l’âme et du corps… Mais elle était jeune et devait apprendre cette vérité douloureuse, c’est que le chagrin le plus violent ne tue pas : il devient notre hôte et