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Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/66

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— Oh mon père ! s’écria Anna d’une voix déchirante… ayez pitié de moi !…

— Non, répéta le moine, il n’eut même jamais d’amitié pour vous… S’il vous eût aimée de cette affection qu’il disait si profonde, elle lui aurait donné la connaissance de la vôtre ; jamais une vraie tendresse n’est méconnue quand celui qui l’inspire n’aime pas ailleurs… Et Raymond n’aime la femme qu’il a épousée que depuis quelques semaines…non, vous dis-je, cet homme ne vous a jamais aimée !…

Cette parole montrait que le moine avait un cœur qui n’avait pas toujours battu sous le froc, et que les passions et leurs orages lui avaient ëtê revélés… car il avait raison ; Raymond n’avait eu pour Anna qu’une amitié bien faible, puisque son regard était demeuré voilé devant la passion profonde de la jeune fille… Anna le comprit enfin !…

— Oui, se dit-elle, le père Jean a raison ; Raymond ne m’a jamais aimée.