Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/91

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— Ma fille, dit le prêtre, ému par l’expression vraie et simple d’une grande douleur, ma fille, je suis bien sévère avec vous ; mais c’est que le langage austère de la force et de la raison n’a rien de celui de la faiblesse… et vous êtes faible, malheureuse enfant !… vous l’êtes au point de bénir votre blessure.

Anna pleurait toujours aux genoux du prêtre.

— Comment pouvez-vous douter de mon courage lorsque depuis six mois je supporte devant Raymond des tortures plus cruelles que celles des criminels ?… quand je le quitte enfin, que voulez-vous donc de moi ?…

— Ce n’était pas la fuite qu’il fallait offir à Dieu… il fallait combattre et demeurer victorieuse.

— Mais je ne le puis, je n’en ai pas la force : combattre en sa présence m’est impossible… c’est une œuvre au-delà des bornes d’une pauvre femme épuisée par une longue et pénible lutte… Oh ! si vous saviez ! mais vous n’avez jamais aimé, vous !… si vous saviez ce que c’est