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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/164

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J’ai aimé, Monsieur, à redire après vous les titres que M. Lacordaire avait à notre admiration et qu’il aura à la reconnaissance des générations futures. En caractérisant les services qu’il a rendus à notre siècle, je sentais que je m’approchais de vos idées, de vos études, de vos travaux et du but que vous poursuivez dans la littérature, comme il cherchait à l’atteindre dans la chaire et dans l’éducation publique.

Je ne vous louerai pas, Monsieur, de votre amour pour la grande et bonne liberté, celle de tout le monde, celle de nos adversaires comme celle de nos amis, celle qui nous combat comme celle qui nous sert. Vous n’avez pas seulement reçu l’héritage de ces sentiments, vous en avez encore près de vous le plus pur et le plus persévérant modèle. Qui de nous, lorsqu’il vous entendait louer si éloquenlment « cette sagesse de l’Église qui, en refusant de lâcher la bride à toute fantaisie populaire, n’a pas entendu consacrer l’impunité de tous les pouvoirs et vouer les peuples à une muette obéissance ; » qui de nous ne se rappelait les paroles de votre illustre père dans cette même enceinte, lorsqu’il marquait d’un souvenir si ferme à la fois et si modeste le refus de a muette obéissance » qu’il avait fait avec la France en 1830, non sans tristesse, mais sans hésitation[1] ?

Vous portez un des grands noms historiques de la France

  1. « Je n’entends, quant à moi, d’ailleurs ni regretter ni rétracter le parti que j’ai pris à cette époque. J’ai fait ce qui m’a paru juste et nécessaire. Si je me suis trompé, je me trompe encore ; mais ce qu’il en coûte en pareils cas de combats intérieurs et d’anxiété, Dieu seul le sait. » (Discours de réception de M. le duc de Broglie, 3 avril 1856, p. 24.)