Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/165

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ancienne, et vous avez dans la famille de votre mère une des grandes illustrations littéraires de la France moderne. Mais, puisque vous ne vouliez pas que ces titres vous servissent ailleurs, fallait-il qu’ils vous desservissent dans la république des lettres ? Tout relève du droit commun, dans les lettres ; tout est égal, sauf le talent. Écrivain comme nous tous, courant les mêmes chances que nous tous, arrêté par les mêmes obstacles, exposé aux mêmes accidents, dans la presse militante ou souffrante, vous avez pris une part active et brillante aux grandes controverses de notre temps ; et c’est ainsi que vous avez su vous faire de bonne heure une réputation qui se distingue de votre nom en le soutenant. À ces travaux de l’heure et du jour qui témoignent que pas plus que votre illustre prédécesseur, vous n’êtes enclin à vous reposer, tant qu’il y a quelque généreux effort à faire, vous avez mêlé de grands travaux historiques qui ont jeté une lumière nouvelle sur les origines politiques et religieuses de la société moderne. Voilà vos titres, Monsieur, tous acquis sous la loi commune des lettres par l’exception du talent.

Je n’examinerai pas ici ceux de vos ouvrages qui se rattachent à la polémique de nos jours. Je suis trop de votre avis pour vous louer avec impartialité. Il est cependant une observation que je puis faire : quelque sujet que vous traitiez dans vos Études morales et littéraires ou dans vos Questions de religion et d’histoire, soit que vous parliez des œuvres littéraires de notre temps, ou de l’apologétique chrétienne au XIXe siècle, ou de l’organisation administrative de la France, ou de notre système d’éducation publique, l’idée qui vous inspire toujours et que vous exprimez sous toutes les formes, tantôt sous celle de l’espérance, tantôt sous celle du