Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/187

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cesseur, l’accomplissement mathématique de lois invariables[1]. »

Ces grands hommes demeureront solitaires dans leur gloire, comme le sont, dans l’espace, les mondes si souvent visités par leur pensée. Mais nos neveux sauront, croyons-le bien, ménager sa place véritable à l’esprit puissant et facile qui remontait sans effort du domaine de l’industrie et des arts aux lois qui régissent les cieux. Leur justice ne manquera pas davantage au géomètre qui, s’élançant par d’admirables intuitions jusqu’au plus profond de la nuit des siècles, appliquait, avec une hardiesse qui n’a pas été dépassée, les études astronomiques à l’archéologie pour contrôler l’histoire de la terre par celle du ciel.

Cette laborieuse carrière s’écoula durant cinquante-trois ans dans l’enceinte du collège de France, qui fut pour M. Biot une seconde patrie. Son temps se partageait entre les labeurs d’un enseignement toujours entouré de la faveur publique, et la fréquentation des diverses académies qui, si elles en avaient jugé par l’activité de son concours, auraient pu croire que chacune d’elles le possédait tout entier. Après les joies fortifiantes du travail, ses plaisirs les plus vifs lui venaient de son commerce assidu avec la jeunesse. Dans mes recherches pour retrouver et pour fixer ici quelques traits de cette grave et piquante physionomie, j’ai rencontré partout la trace profonde des souvenirs laissés par M. Biot aux deux générations successivement groupées autour de sa chaire. La paternelle bienveillance du vieux professeur dépassait le

  1. M. Royer-Collard, Discours de réception à l’Académie française, 13 novembre 1827.