Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/196

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la recherche de la vérité dans la rectitude de l’esprit et la simplicité du cœur. Parvenu à ce terme suprême où il n’y eut plus pour lui de problème dans la destinée humaine, il en épuisa coup sur coup toutes les rigueurs sans fléchir et sans se plaindre, car les forces lui furent alors mesurées aux épreuves et les consolations aux douleurs. Successivement atteint, comme tout homme qui vieillit sur cette terre, à toutes les fibres de son cœur, il fut aussi frappé jusque dans sa plus douce espérance. Il vit tomber dans la force de l’âge et la maturité du talent un fils auquel des travaux, rehaussés par l’éclat du nom paternel, avaient ouvert les portes de l’Institut, et reçut la charge, mêlée d’amertume et de douceur, d’achever l’œuvre où s’était épuisée une vie si chère. Ce fut ainsi que le vieillard, dont le malheur avait doublé les forces, se trouva conduit par un testament sacré à des recherches entièrement nouvelles pour lui sur la langue et la littérature chinoises. Par un prodige de sagacité et de labeur, il se mit en mesure d’éditer avec le précieux concours de M. Stanislas Julien, le Tcheouli ou Livre des rites, traduit par Edouard Biot. Enfin l’homme infatigable, qui n’avait pu pénétrer dans ces études sans les épuiser, préparait une Histoire de l’astronomie chinoise, aujourd’hui publiée, lorsqu’à l’âge de quatre-vingt-huit ans, il s’endormit dans l’espérance, entouré d’une famille qui fut sa joie et son orgueil, soutenu et béni par les mains sacerdotales de son petit-fils.

Tous ceux qui l’ont connu dans les temps qui précédèrent sa mort conserveront de cette exquise et forte nature un souvenir ineffaçable. Ils n’oublieront ni cette fermeté d’attitude d’un homme sûr de sa conscience comme de sa gloire, ni ce charmant sourire si beau sous des cheveux blancs. De