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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/207

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Le spectacle des convulsions politiques qu’il a produites a déterminé votre vocation littéraire, et vous a fait étudier pendant vingt ans les huit derniers siècles de notre histoire nationale. On avait beaucoup écrit sur ces époques si tourmentées, si dramatiques ; mais les cinq volumes, dans lesquels vous avez résumé ces études, nous ont prouvé qu’il restait quelque chose à dire. Vous y avez trouvé des aperçus nouveaux, de nouvelles leçons à nous donner. Je ne vous réponds pas qu’on les suive. Nous vivons dans un temps où les professeurs de sagesse ne sont pas plus écoutés que l’expérience ; en politique aucun pécheur ne s’amende, et ceux qui se confessent au public sont plus disposés à justifier leurs fautes qu’à les avouer. Vous avez commencé par signaler celles de nos pères ; vous étiez d’autant plus à même de les remarquer que vous vous débattiez au milieu des conséquences qu’elles ont amenées ; et ces fautes vous rendent peu favorable à un régime qui s’est englouti tout entier dans un cataclysme que Dieu seul peut-être avait prévu.

Ce qui vous distingue cependant de la plupart des détracteurs de l’ancien temps, c’est qu’en signalant ses vices et ses périls, vous n’en avez point répudié la gloire. Vous rendez hommage à cette foule de grands rois, de grands ministres, de grands capitaines, qui ont contribué le plus à fonder cette unité nationale qui fait la force de notre patrie. Ceux qui ne bornent point les jouissances de leurs loisirs à la lecture des journaux et des romans du jour, aimeront à retrouver dans vos livres le grand prince qui, malgré sa piété, sépara si nettement la puissance religieuse de la puissance temporelle, et qui par ses vertus royales força la cour de Rome à ceindre de l’auréole céleste le souverain qui l’avait souvent contrariée