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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/230

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veautés, se jettent dans une lutte qui ne durera pas longtemps, où elles se seront blessées l’une l’autre et où toutes deux succomberont.

Le parlement, au lieu de suspendre le cours de la justice, comme il l’avait fait à d’autres époques, redouble de zèle pour cette partie de ses devoirs. En même temps les délibérations politiques de ses chambres assemblées sont plus fréquentes que jamais. Elles ne roulent pas seulement sur les édits que le ministre lui présente ; aucune des idées d’amélioration sociale que rêve l’opinion publique ne lui est étrangère. Pour se défendre il invoque les règles éternelles de la justice, dont il est l’organe naturel, les droits de la nation, qui sont, dit-il, confiés à sa garde. Il adresse au roi les remontrances les plus respectueuses, mais les plus fermes. Il finit par émettre un vœu, exprimé déjà par Fénelon au commencement du siècle, par le parlement lui-même dans des luttes précédentes, par Malesherbes au nom de la cour des aides, enfin par l’assemblée des notables : il demande la convocation des états généraux, en déclarant qu’il n’a jamais pu donner aux édits d’emprunt qu’un enregistrement provisoire.

Le jeune conseiller suit avec ardeur ces délibérations passionnées, se croit revenu aux beaux jours du sénat romain, s’enivre de la parole brûlante de d’Eprémesnil et ne prête qu’une oreille fort distraite à ce vieux magistrat qui, passant près de lui après une discussion très-animée, lui jette ces mots : « Jeune homme, l’idée des états généraux a été souvent mise en avant du temps de votre grand-père ; voici ce qu’il nous a toujours dit : Messieurs, ceci n’est pas un jeu d’enfant ; la première fois que la France verra