Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/231

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des états généraux, elle verra aussi une terrible révolution. »

Pendant son court passage dans la magistrature, notre jeune parlementaire devait recevoir une autre leçon politique. Les états généraux étaient convoqués : la nation entière avait été provoquée par le pouvoir lui-même à s’occuper de leur composition et de la forme dans laquelle ils devraient se réunir et délibérer. Le parlement s’effraye de toutes les nouveautés que suggère cette grande enquête ; il n’a jamais demandé que des états généraux formés sur le modèle des derniers que l’on ait vus en France, en 1614. Il se trouve de deux siècles en arrière de son temps. Il rend un arrêt solennel pour déclarer et faire prévaloir son opinion. Toute sa popularité s’évanouit ; la nation prend parti contre lui, et bientôt les décrets de l’assemblée constituante suppriment l’ancienne organisation judiciaire et abolissent les parlements.

jM. Pasquier, après ces premières et vives émotions de la vie publique, à peine âgé de vingt-deux ans, se trouve réduit à l’inaction ; mais le spectacle qui va l’entourer et les événements auxquels il sera involontairement mêlé occuperont assez l’ardente curiosité de son âme.

Quoique frappé dans son avenir et dans ses affections par la suppression de la compagnie à laquelle il appartenait, il abordait sans préventions hostiles cette révolution qu’il n’avait pas prévue. Tout en rendant justice à quelques grandes choses que le règne de Louis XVI avait vu s’accomplir, il savait distinguer les abus singuliers et sans nombre que la France ne pouvait tolérer plus longtemps. Si une partie de la population jouissait d’un bien-être réel, il