Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/236

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ainsi je n’ai pas à vous en dire mon opinion. Je m’en félicite ; je ne trouverais peut-être pas en moi l’impartialité nécessaire pour en parler. Je me borne à dire qu’après le coup d’État et le premier étonnement qu’il causa, la France sembla reprendre des allures régulières. M. Pasquier rentra dans Paris. Il s’occupa d’obtenir, pour lui et les siens, la restitution de leurs propriétés confisquées et non vendues. Pendant quatre années il partagea son temps entre la terre de Coulans, où il retrouvait tous les souvenirs de sa famille, et Paris, où s’étaient reformées des sociétés d’élite dont la fréquentation a toujours eu tant de charmes pour lui. Dans quelques-unes des dernières pages qu’il ait dictées, il attribue une influence puissante sur la culture et les progrès de son esprit aux réunions qui avaient lieu tous les soirs chez une fille de M. de Montmorin, Mme  de Beaumont, dont le nom est inscrit en caractères si élevés et si touchants dans les Mémoires de M. de Chateaubriand et dans les lettres de M. Joubert. La littérature n’y faisait pas tous les frais de la conversation. Quoique l’on eût du penchant pour les opinions royalistes, on ne se laissait aller à aucune illusion. On ne trouvait pas chez le premier consul les traits de Monck ; on le voyait disposé à garder le pouvoir dont il s’était emparé avec audace, mais qu’il exerçait avec sagesse. On ne voulait pas se condamner à une oisiveté sans terme. M. de Fontanes s’était rallié le premier et avait été nommé président du nouveau corps législatif. M. de Chateaubriand avait accepté les fonctions de secrétaire d’ambassade à Rome. M. Molé aspirait au conseil d’État ; M. Pasquier, désigné dans le département de la Sarthe comme candidat au corps législatif, comptait, pour être choisi par le sénat, sur la bien-