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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/249

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avait été complice. Malgré les efforts de M. de Serre et de M. Pasquier à la tribune, on les voit peu à peu fléchir et tomber sous les attaques tour à tour habiles ou violentes de ceux qu’ils avaient combattus en 1815.

M. Pasquier avait été depuis plusieurs mois appelé à la Chambre des pairs. Il a passé dans cette chambre le reste de sa vie publique, prenant une part active à ses délibérations et plus tard, sous un gouvernement nouveau, chargé de la présider.

Au moment où le duc de Richelieu prit la résolution de laisser le ministère, il dit à son collègue des affaires étrangères ces paroles remarquables : « Abandonnons ce pouvoir tout entier. Qu’il soit remis, puisqu’on le veut, aux mains qui brûlent de le saisir. Elles serviront mal, je le crois du moins, cette autorité souveraine qu’elles se croient seules dignes de garder et de défendre ; mais, du moins, il ne sera pas en leur pouvoir de la compromettre immédiatement ; elles ont de la marge pour faire beaucoup de fautes, et si ces fautes deviennent trop graves, on aura encore, il faut espérer, assez de temps et de moyens pour en arrêter les funestes conséquences. »

Le duc de Richelieu, mort quelques mois plus tard, n’a pas vu réaliser ses prédictions. Son collègue, au contraire, vit se développer avec habileté et circonspection la réaction qui avait éclaté brusque et violente en 1815. Il employa pour la combattre toute l’influence que son caractère, son expérience et son talent lui donnèrent bientôt à la Chambre des pairs. Ses discussions de cette époque paraissent plus mûres et plus élevées. L’esprit libéral y domine toujours ; on y trouve tantôt un savoir profond et un remarquable bon sens pratique,