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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/282

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cruels souvenirs, cette expression pathétique, ce cri du cœur ?

Il éclate, avec un accent bien pénétrant, mais tout autre, dans la conclusion d’une sorte de testament politique que dictait encore M. Pasquier deux jours seulement avant sa fin. Qu’on me permette de faire, pour ainsi dire, Touverture publique de ce testament et d’y chercher, d’y montrer, parmi les divers témoignages d’affectueuse et tendre gratitude, qui sont le dernier souci de l’illustre mourant, la part de l’Académie.

« Hélas ! mes premières amitiés, je dirais même mes premières liaisons m’ont toutes devancé sur la route au bout de laquelle me voilà parvenu. Mais la Providence a bien voulu permettre que de nouveaux secours me soient venus de toutes parts, pour m’aider à parcourir assez dignement, assez honorablement le cours si prolongé de mes dernières années. Durant la longue maladie qui les doit terminer combien n’ont pas été assidus, affectueux et touchants les soins dont j’ai été entouré ! famille, parenté à tous les degrés, amis, anciens collègues, et surtout ces excellents confrères que j’ai trouvés dans le sein de l’Académie française ; je leur dois à tous des remercîments et je les prie de permettre qu’ils soient consignés dans ces pages qui n’en contiendront que la très-faible expression.

« Mon cœur vit encore, mais l’esprit qui pourrait lui servir d’interprète s’affaisse et s’éteint en quelque sorte à chaque instant. C’est la commune loi et je la subis avec une humble résignation. »

Qu’ajouter à de telles paroles ? n’achèvent-elles pas, Monsieur, par un dernier trait, et bien attendrissant ; l’histoire que