Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/289

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propres faiblesses par celles qu’ils imputent à leur temps. Il faut donner tort à l’humanité quand on veut donner raison au despotisme.

Nous n’avons que trop de ces censeurs dégoûtés qui, pour absoudre leur politique, condamnent leur siècle et leur pays. Le spectacle des choses historiques ne doit pas cependant détourner nos yeux des régions sociales où le regard de l’histoire ne pénètre pas. Dans cette multitude inconnue fermentent de généreux sentiments qui font acte de présence par le malheur dignement supporté ou noblement secouru. Ce n’est pas dans les conditions médiocres que les vertus se rencontrent le moins. C’est là qu’elles éclatent sans pompe, comme l’Idylle de Despréaux. C’est parmi les petits et les faibles que se réfugie quelquefois la dignité de l’espèce humaine.

Cent douze Mémoires dûment justifiés ont été adressés à l’Académie par cinquante-huit départements. Un examen attentif et sévère l’a conduite à distribuer entre vingt et une personnes les libéralités de M. de Montyon, et à décerner trois prix, quatre médailles de première classe et quatorze de seconde. Comme toujours, notre sexe n’est pas le plus largement partagé. La raison n’en est pas difficile à saisir. Si les anciens avaient donné de telles récompenses, ils les auraient probablement réservées à la fermeté qui brave le malheur ; les modernes les destinent surtout à la charité qui le soulage. C’est pour cela, Messieurs, que, sur vingt-deux marques de distinction accordées par l’Académie, dix-sept ont été obtenues par des femmes. Ces modestes honneurs ne sont-ils pas dus de préférence à la bonté sans orgueil ?

Un jeune homme, qui descend d’une famille jadis proscrite