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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/290

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pour cause de religion, était venu à Paris pour y suivre la carrière des arts. Il ne paraissait encore écouter que les goûts légers de son âge, lorsque la vue d’un enfant abandonné par sa mère, en lui rappelant nos devoirs envers la faiblesse et le malheur, le ramena à des idées plus sérieuses et lui révêla sa vocation. M. John Bost résolut alors d’embrasser le ministère évangélique, et, après les études nécessaires, il devint pasteur à Laforce, près de Bergerac. S’il y avait réduit son activité aux devoirs de sa profession, l’Académie, qui n’est point son juge et qui ne peut louer tout ce qu’elle respecte, garderait le silence. Mais des œuvres exceptionnelles ont décidé son suffrage. La première est la création d’un établissement, heureusement nommé la Famille évangélique. Là ont été reçues d’abord des jeunes filles protestantes, sans parents, sans ressources, sans asile. Bientôt il a fallu leur adjoindre celles que des exemples pires que l’abandon exposaient dans leurs familles à de plus graves dangers. En ce moment, quatre-vingt-sept jeunes filles, depuis l’âge de six ans jusqu’à l’âge de vingt, reçoivent, au sein de la Famille évangélique, l’éducation chrétienne et l’instruction nécessaire aux humbles professions qui les attendent. On estime que deux cents élèves ont déjà passé par ce tutélaire apprentissage. L’institution, en pleine prospérité, est tout entière l’œuvre de la charité que M. Bost a su, par son exemple et ses exhortations, susciter autour de lui et provoquer au loin. Tantôt il a demandé des secours à ses relations antérieures avec Londres et avec Paris ; tantôt, s’adressant à la population environnante, il a obtenu d’elle les marques d’un zèle non moins pur et plus touchant. On a vu les habitants de la commune s’imposer une corvée pieuse et donner le travail de leurs