Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/294

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tante, c’est comme un encouragement et une recommandation qui s’adresse à tous, que l’Académie décerne à M. John Bost un prix de 3, 000 francs.

Une œuvre analogue nous a paru mériter un prix égal. Mlle Catherine Portz a reçu une éducation soignée. Elle a rempli dans plus d’une famille honorable les fonctions d’institutrice, que sa mauvaise santé l’a forcée d’abandonner. Retirée dans un couvent de Versailles, elle y vivait des modiques profits du travail de sa jeunesse, lorsque, dans la solitude et l’inaction, une pensée qui avait de tout temps assailli son esprit acheva de s’en emparer et devint la grande résolution de sa vie. Depuis que saint Vincent de Paul a parlé, on a cherché les moyens de sauver de l’abandon les enfants trouvés. La loi a confié à l’État la tutelle de leur vie ; mais l’État ni la loi n’ont pu leur donner une famille. Et pourtant comment, sans la vie de famille, acquérir cette éducation morale qui fait l’honnête homme, le citoyen, le chrétien ? À ces êtres privés d’une famille naturelle, ne serait-il pas possible d’en créer une artificielle qui leur rendît les soins que leur destinée semble leur refuser ? C’est à résoudre cette question que Mlle Portz se promit de consacrer son existence. Une fois décidée, rien ne l’arrête ; vainement on prétend la détourner d’une entreprise qui semble supérieure à ses forces. Des mères respectables veulent l’appeler à elles et lui confier leurs filles. « Les institutrices, répond-elle, ne manqueront pas à vos filles, et les enfants trouvés n’en auront jamais. » On lui objecte les souffrances d’une santé débile. « Mourir des atteintes solitaires du mal ou mourir des peines que je vais prendre, dit-elle, c’est toujours mourir. Si Dieu approuve mon œuvre, il me