Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/325

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Nous reconnaissons dans ces modestes concitoyens le doux et pur éclat de la vraie vertu. À cette vertu, ainsi évoquée et personnifiée devant nous, nous tendons une main amicale et respectueuse ; nous lui disons publiquement : Merci !

À ce remercîment, grâce aux libéralités dont M. de Montyon nous a faits les dépositaires, nous ajoutons un don, mais un don qui n’est ni une récompense ni un secours ; un don qui est destiné à continuer, à propager, à consolider les actes de charité qui ont mérité notre admiration ; un don qui, fait à la pauvreté, et, très-souvent, à la pauvreté volontaire, ira, en passant par ses mains délicates, consoler d’autres pauvres et de nouvelles misères ; un don qui nous associera, nous et surtout notre généreux donateur, à des œuvres de prévoyance, de miséricorde et de salut.

Et remarquez-le, Messieurs, dans ce siècle de sollicitation universelle, de cette lèpre qui survit à toutes nos révolutions et qui s’y rajeunit, nous n’avons devant nous que des solliciteurs désintéressés, des gens qui demandent, qui attendent, qui pressent pour d’autres que pour eux-mêmes. Aucun de nous ne connaît les personnes dont je vais parler ; moi-même je ne les verrai jamais. Elles n’ont rien demandé, rien espéré, rien désiré. Tout est spontané de notre part ; de la leur, tout est humble, modeste et résigné.

Cent vingt mémoires nous ont été envoyés depuis l’année dernière par les autorités et les notables, qui nous recommandent des personnes dignes de fixer les suffrages de la compagnie. Dans ce nombre, vingt-trois ont paru mériter, à des titres divers, les distinctions accordées par l’Académie, et qui consisteront cette année en trois prix, en quatre médailles de première classe et en seize de seconde.