Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/355

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breuses et plus diverses, l’Académie aurait plus de variété dans le choix qu’elle fait des bonnes actions. L’Académie, disaient quelques-uns d’entre nous, semble se renfermer dans un cercle de vertus admirables, mais trop uniformes ; elle a des bonnes actions de prédilection et d’habitude. Les dévouements patients et persévérants sont trop préférés aux dévouements soudains et rapides. L’énergie qui produit la persévérance témoigne assurément d’une grande et belle âme ; mais l’énergie qui produit l’héroïsme est le signe aussi d’une grande âme. Que l’homme dévoue sa vie dans un moment pour sauver son prochain, ou qu’il la dévoue à l’accomplissement d’un lent et pénible devoir, c’est le même sentiment de générosité, c’est la même abnégation, c’est le même principe de vertu. Nous lisons souvent dans le Moniteur le catalogue des bonnes actions qui valent à ceux qui les font des médailles d’honneur ; ce sont des actions soudaines et hardies, des hommes qui se jettent à l’eau ou qui se précipitent au milieu des flammes pour sauver leurs semblables : le Moniteur représente le dévouement actif et militant ; le livret de l’Académie représente le dévouement résigné et patient : pourquoi les deux sortes de vertus ne partageraient-elles pas plus également nos récompenses ?

Voilà quelques-unes des critiques qui se faisaient entre nous et qui ont pu quelquefois se répéter au dehors. Nous répondions qu’à prendre notre liste de récompenses cette année même, on y trouvait les deux sortes de dévouement, et qu’il n’y avait pas dans notre choix l’uniformité qu’on nous reprochait.

Parmi nos trois premiers prix, s’il y en a deux qui appartiennent à la classe des dévouements continus et patients, il y