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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/391

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des pauvres, qu’elle sait entretenir à peu de frais. Pendant la guerre de Crimée, grâce au zèle et à l’industrie de l’humble maîtresse, la commune de Beaumont, qui est peut-être la plus pauvre du canton, fournit plus de linge qu’on n’en recueillit dans aucune autre.

Je finirai par un trait d’elle, qui nous ramène à l’institutrice. En 1841, l’instituteur de la commune étant frappé d’une fièvre typhoïde qui menaçait de se prolonger longtemps, la maîtresse, non contente de lui donner ses soins demanda et obtint l’autorisation de le remplacer auprès des petits garçons, afin qu’il ne perdît point sa place. Pendant trois mois donc, elle fit successivement l’école aux petits garçons et aux petites filles : aux premiers, de sept heures à dix heures du matin, et de une heure à quatre du soir ; aux petites filles, de dix heures à midi, et de quatre à sept heures du soir. Ainsi, pendant trois mois, elle fit onze heures de classe par jour. Les chiffres en disent assez.

L’Académie, édifiée par tous ces renseignements éloquents dans leur précision et dont je n’ai fait que donner une idée, décerne à Mlle Rosalie Marion le premier prix Montyon.

De la commune rurale nous passons à la grande ville. Il existe à Paris, dans le quartier Notre-Dame de Lorette, une femme, nous a-t-on dit, qui, depuis quarante ans, dans une condition des plus médiocres, a fait autant de bien à elle seule que les familles riches et les bureaux de bienfaisance qui l’entourent. Il y avait d’abord, à une pareille assertion, de quoi surprendre et étonner. Mais ici nous étions à la source même, à portée des renseignements, et bientôt tout s’est expliqué et vérifié.

Mme Navier (Félicité Barilliet), née à Paris, le 13 février