Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/413

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le but. On n’y recommande que de bien faire ; et, par une conséquence naturelle, ce qui a été fait pour l’exacte justice, pour le bon ordre, pour la part d’action du plus modeste citoyen dans la paix publique, pour les obligations de famille, pour la fidélité aux engagements, pour l’amitié, pour la reconnaissance, devient un moyen de mieux faire et de prospérer en étant utile aux autres. C’est ainsi que l’ouvrier, en retour de son labeur irréprochable, de son active intelligence, se voit dans l’âge mûr heureux père de famille, propriétaire et magistrat. Jamais il ne fut donné meilleur exemple d’un bonnaturel bien dirigé etd’une judicieuse ambition bien remplie.

Deux recueils de poésies sont aussi réservés par l’Académie pour le talent et l’emploi du talent. Ici un homme, jeune encore, qui a voyagé dans l’Orient, lui emprunte soit une antique légende, soit de gracieuses ou terribles images. Il renouvelle la tradition populaire du Juif errant, et mêle à ce vieux récit quelques accents d’une émotion plus douce et comme une évangélique pitié. Il montre la miséricorde divine accordant la mort à l’homme maudit sur la terre. Ailleurs il peint les jalouses fureurs de l’Orient et les longues souffrances de l’amour fidèle. L’art peut manquer parfois à ses vers ; mais ils ont la puissance de l’imagination émue et la pureté d’âme dans la passion. C’est assez pour attirer l’attention de tous ceux qui aiment encore la poésie.

Maintenant que dans un autre recueil, le Livre des jeunes mères, cet attrait de la poésie soit associé aux pures images de la famille et de l’enfance, l’intérêt sera plus moral, plus précieux au cœur quand même l’expression semblerait quelquefois excessive ou recherchée. C’est la vertu innée des