Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/426

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dans ses principes, dans ses applications et dans son histoire.

Il y donne la théorie du Beau, en partant des perceptions de l’âme et en s’élevant à cette sublime idée par les impressions que l’intelligence reçoit du spectacle de la nature et du sentiment de Dieu, des choses visibles et de l’infini. Sous les conditions de puissance, d’ordre, de justice, de bonté, il retrouve le Beau dans les arts, dans la poésie, dans l’éloquence. Il sent, il décrit quelques-uns de ces types que conçoit rame humaine et qu’elle réalise quand elle est inspirée de la vertu ou du génie. Enfin, il examine les systèmes qui ont expliqué diversement l’origine de ces beautés immuables. Tout, dans cet ouvrage, est-il également instructif et vrai ? Le Beau avait-il besoin d’être mis en lumière par le contraste prolongé du laid et du ridicule ? Les conditions du Beau sont-elles toujours celles qu’indique l’auteur ? L’Académie a surtout considéré la pensée générale de l’ouvrage. Cette pensée c’est le culte de l’idéal ; cette pensée, c’est que les arts sont l’interprétation élevée et non la simple imitation de la nature. Par là toute grandeur morale est la source première, la cause dominante du Beau ; et ce qui ennoblit l’humanité est le but qu’elle doit se proposer dans l’art comme dans la vie. C’est une théorie partout vraie, mais indigène et impérissable dans le pays de Corneille et de Bossuet.

À part l’application de ce principe aux arts du dessin et à tant de créations admirables, l’auteur en a tiré d’éloquentes leçons pour les lettres. Un portrait habilement impartial de Voltaire, un jugement qui tour à tour élève et accable Diderot ont paru des modèles de sagacité critique. Mais il vaut encore mieux suivre l’écrivain philosophe dans ses com-