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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/427

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paraisons savantes de Platon et d’Aristote, dans son érudition inventive par le choix qu’elle fait entre les pensées de deux grands hommes, et la manière dont parfois elle concilie ou complète réciproquement leurs principes.

La théorie moderne n’a pas dépassé ces maîtres d’une Esthétique qu’ils n’avaient pas nommée. Mais la sphère du Beau s’est agrandie, ou du moins le nombre de ses exemples s’est accru. L’Académie devait distinguer un ouvrage où cette vérité toujours présente vient en aide à la recherche du Beau dans sa source la plus élevée, et au respect de l’art dans sa forme la plus sévère, en mêlant à la réflexion un sentiment heureux d’enthousiasme. L’Académie décerne prix de trois mille francs à l’ouvrage de M. Charles Lévéque, ayant pour titre : La Science du Beau étudiée dans ses principes, dans ses applications et dans son histoire.

Une savante étude sur un génie original, Shakspeare, ses œuvres et ses critiques, par M. Alfred Mézières, a occupé l’attention de l’Académie. Il s’agissait d’une beauté moins pure, moins sereine avec splendeur que celle de la poésie grecque, mais qui parfois touche davantage au cœur de l’homme, tel que l’ont fait le christianisme et le progrès de l’humanité, même à travers le moyen âge.

Tout en nommant Shakspeare le plus merveilleux génie des temps modernes, M. Mézières n’adopte pas les systèmes qui ont érigé en modèles créateurs tous les hasards de ce génie et parfois ses ignorances involontaires. Ramenant l’admiration au vrai, il démontre l’art fréquent de Shakspeare et sa puissante nature par l’analyse des caractères humains, antiques, nationaux, qu’il a tracés sous tant de formes. Doit-on croire seulement, comme le suppose M. Mé-