Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/437

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ture française depuis le XVIe siècle offraient, avec d’exactes biographies et des citations choisies, la preuve d’un rare savoir critique. A côté de cette publication inachevée, plus curieuse par les recherches que composée avec art, l’auteur présentait des feuilles en épreuve ou manuscrites, résultat d’une infatigable étude. Déjà distingué par l’Académie pour un travail sur la langue de Corneille, il mettait sous les yeux de sa Commission un vaste recueil de matériaux pour le plus complet lexique, c’est-à-dire pour plusieurs lexiques de notre langue. Cet ensemble d’études publiées ou inédites, ce dévouement à la philologie française méritaient au jeune savant consumé de travail le Prix fondé par feu M. Lambert, comme une médaille donnée par l’estime publique. L’Académie la décerne aujourd’hui à M. Frédéric Godefroy.

Elle regrette de ne pouvoir annoncer l’issue favorable d’une autre épreuve offerte au talent. Elle ne peut encore couronner le travail qu’elle avait demandé sur le cardinal de Retz : elle attendait quelques vues de liberté politique résumées sans déclamation, une peinture vraie de quelques grands personnages du temps, une image enfin de celui que le monarchique Bossuet avait appelé « un ferme génie, si fidèle aux particuliers, si redoutable à l’Etat, d’un caractère si haut, qu’on ne pouvait ni l’estimer, ni le craindre, ni l’aimer, ni le haïr à demi. »

L’Académie attendait surtout un jugement de ce talent d’écrire qui donne à Retz une place bien plus grande dans tes lettres, qu’il ne l’a eue dans les événements et qu’il ne la garde dans l’histoire.

Quelques points de ce sujet sont touchés dans les Discours