Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/442

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rents caractères de contemplation sublime, de vertu pratique, de justice sociale, de charité cosmopolite, dont il compose l’histoire des premiers siècles chrétiens. Distribué avec ordre, précis et animé, l’ouvrage est à la fois sagement critique et intéressant par la passion, fait pour instruire et pour émouvoir.

On s’étonnera d’y trouver souvent des termes empruntés au langage abstrait et à la polémique de notre temps, pour exprimer la physionomie de ces temps si éloignés. On peut blâmer cet anachronisme d’idées et de langage. Mais parfois il a sa vérité relative, ou du moins il fait comprendre plus vite, par un terme plus expressif pour nous, ce que l’auteur a vu dans les monuments originaux. Ce livre est un savant hommage à l’essence du dogme et des cultes chrétiens, à cette autorité spirituelle d’une croyance, dont les dissidents, à des degrés divers, reconnaissent également la source et la grandeur.

Un autre ouvrage, rapproché de nous par un intérêt d’étude morale, et par la leçon présente des événements, méritait le choix de l’Académie. C’est le livre de l’Abolition de l’esclavage, par M. Augustin Cochin, ancien maire et conseiller municipal de la ville de Paris. Le trait distinctif, le mérite éminent de l’auteur, c’est d’unir à l’ardeur de la charité l’exactitude savante, de réclamer avec un zèle éloquent, au nom de Dieu et de l’humanité, l’abolition de l’esclavage, et de démontrer avec d’infinis détails toutes les utilités de cette réforme morale. L’auteur est un apôtre et un économiste. Cette double force de ferveur et de science se marque dès l’introduction adressée à M. le duc de Broglie, comme au premier promoteur de l’intervention de la France dans