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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/444

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de nos jours, on reprend avec l’auteur la question en elle-même, selon la loi mosaïque, la philosophie et l’Évangile. On voit la religion incessamment active pour l’allégement de ce fléau. Si, après avoir travaillé à le détruire dans l’ancien monde et dans le moyen âge, elle l’a vu renaître dans le nouveau monde, il lui appartient plus que jamais de seconder la politique et la science s’unissant pour le rendre impossible sous la dernière forme qu’il a prise.

Tel est ce plaidoyer contre l’esclavage. Rempli de généreux sentiments et d’exactes recherches, mélange de philosophie morale et de statistique, ce livre est un des meilleurs qu’on puisse faire à l’appui de la grande réforme que le génie de l’Europe moderne a commencée sur ses colonies, et que son exemple et sa médiation doivent étendre dans le monde. L’Académie décerne à chacun de ces deux ouvrages un prix de trois mille francs.

D’utiles travaux qui touchent à l’instruction publique ont attiré l’attention de l’Académie. On ne dit pas aujourd’hui, comme chez les anciens Grecs, qu’un changement dans la musique est un changement à la constitution de l’État. Mais il y a telle partie des études de la jeunesse qui peut importer à l’honneur intellectuel du pays. Si, dans les collèges, l’enseignement de la philosophie disparaît, si les fortes lectures, les graves questions que cet enseignement suppose sont écartées, si on les remplace par quelques formules de logique, n’est-il pas à craindre que les autres études ne manquent d’un complément et d’un appui, que le goût des lettres ne soit moins sérieux, que l’histoire même bien enseignée ne profite moins à l’âme, et que les élèves n’apportent à l’étude des sciences un jugement moins sûr et moins préparé ?