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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/463

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Ménandre, il en approche assez dans sa diction facile et naturelle, pour paraître souvent un demi-Térence ; et cet éloge est bien un titre d’honneur.

Le grand prix fondé par le baron Gobert pour le morceau le plus éloquent d’histoire de France ne sera pas transféré cette année. Il reste encore acquis au travail savant et neuf qu’a publié M. Camille Rousset : l’Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire jusquà la paix de Nimègue. Cet écrivain habile, formé dans l’enseignement, n’a pas seulement la patience et l’activité des recherches : il a réfléchi fortement sur les matériaux découverts ; il en a tiré des vues générales ; et ce qu’il voyait et ce qu’il pensait, il l’a exprimé avec vigueur et naturel, dans ce style du sujet qui en atteste la parfaite connaissance et qui devient le style de l’auteur, par l’empreinte durable de la passion et du talent.

À ce titre et dans les termes du concours, l’ouvrage de M. Camille Rousset sur Louvois ne pouvait être dépossédé de la première place par quelques récits de nos anciennes guerres du moyen âge, et quelques tableaux même expressifs de nos temps barbares.

Mais, en dehors du premier prix, et pour la seconde place si honorablement remplie l’année dernière par le solide et curieux travail de M. Jules Caillet : l’Administration en France sous le cardinal de Richelieu, un livre mêlé de biographies politiques et privées, de vues sur la vérité dans l’histoire, de jugements sur les talents le plus heureux à reproduire cette vérité, et parfois à l’altérer avec une partialité plus piquante encore, a paru justement désigné. C’est l’ouvrage en deux volumes intitulé : les Mémoires et l’His-