Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/483

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C’est surtout l’ensemble et la variété des ouvrages inspirés par cette vie diverse que notre habile et sincère biographe juge avec une rare sagacité, depuis le Génie du Christianisme jusqu’à la Monarchie selon la Charte, depuis les rêves mélancoliques de René jusqu’à l’histoire du Congrès de Vérone, depuis le gracieux roman du Dernier des Abencérages jusqu’aux discours véhéments pour la guerre d’Espagne.

Le judicieux admirateur de cette activité du génie, étudiée dans ses écrits, n’épargne pas les restrictions et le blâme. Il affirme le noble caractère de l’homme ; il avoue, il célèbre son vœu pour la liberté, son amour sincère des Institutions qui seules raffermissent. Mais ce qu’il consacre surtout, c’est la gloire durable de l’écrivain chez qui, dans l’éclat de l’imagination dans la force et l’harmonie du langage, apparaît toujours un sentiment élevé de patrie et d’honneur. À ce titre, il montre la France comme intéressée à une telle gloire par le sentiment même de la sienne.

L’auteur de cet ouvrage est M. Benoît, professeur et doyen de la Faculté des Lettres de Nancy.

L’autre ouvrage, inscrit sous le n° 38, avec cette épigraphe de Dante :

Intanio voce fuper me udita :
Onorate l’altissimo poeta.

vrai discours par le mouvement, l’ordre et la brièveté, l’est aussi par un accent plus marqué d’éloge enthousiaste. Les ouvrages y sont moins analysés avec un art sévère que sentis avec âme. Le génie de Chateaubriand est là moins démontré en lui-même que mêlé à tous les traits de sa vie, à son culte du passé et à son esprit novateur. L’homme public est plus