Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/484

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en vue, ou plutôt ne fait qu’un avec l’écrivain ; et le mot de grandeur est le seul que le panégyriste ému croie suffisant, pour caractériser l’un et l’autre. Cette grandeur, il l’admire dès l’origine et la retrouve partout, dans la pureté de la jeunesse, dans les souffrances de l’exil, dans la passion de la gloire littéraire, dans les sacrifices à l’honneur, dans les ruptures hardies et les protestations contre l’iniquité, dans l’ardeur de l’ambition politique, et, au moment nécessaire, dans l’inflexible volonté de la retraite. Cette louange vivement donnée, on ne voudrait ni l’affaiblir, ni la discuter. Elle est vraie pour les choses mémorables. Elle anime d’une noble pensée et d’une généreuse unité ce discours, incomplet en quelques parties. Elle en fait un hommage à la dignité des lettres, autant qu’à l’éclat d’un admirable talent.

Cette dignité des lettres, cette élévation d’âme qui fait leur grandeur par leur indépendance, nulle part l’auteur ne l’a mieux signalée que par le soin qu’il a mis à décrire l’amitié de M. de Fontanes pour Chateaubriand, noble et touchante amitié qui s’accroissait par la gloire de celui dont elle avait deviné et assuré le génie, et qui le défendait par une admiration redoublée devant la colère de la toute-puissance alors partout victorieuse.

Ces sentiments qu’inspirait Chateaubriand, il les portait dans le cœur, et souvent il les montra, autant qu’il les méritait. C’est par là que son panégyriste a pu faire ressortir plus d’une fois avec éloquence quelques traits de cette grandeur, dont il voit la source en lui, la réalité dans ses actes publics et privés et l’image dans ses écrits.

L’auteur de ce discours est M. Henri de Bornier, déjà couronné deux fois, dans les concours de poésie, sur des sou-