Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/498

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présente, et sous la forme historique, par la justice envers le passé. À travers les progrès du temps, les révolutions de l’opinion, il est donné à notre siècle de mieux juger les événements de notre histoire et d’en faire un récit plus équitable. Parfois il a réhabilité ce que dédaignait ou ignorait le XVIIIe siècle. Parfois aussi, il a découvert bien des maux et des souffrances sous d’éclatants souvenirs.

Cette clairvoyance du passé, accrue par la distance même, nous la rencontrons dans le concours fondé par le baron Gobert. Le prix si bien placé, depuis trois ans, sur le travail curieux et nouveau de M. Camille Roussel : « L’Histoire de Louvois, et de son administration politique et militaire jusqu’à et depuis la paix de Nimègue, » est aujourd’hui transféré, dans d’autres conditions, à une œuvre différemment distinguée, non plus l’étude approfondie d’une époque de gouvernement, mais l’abrégé bien conçu, rapide et à propos expressif de la vie d’un grand État, pendant plusieurs siècles, d’après l’étude attentive de ses chroniques, de ses mémoires, de son Église, de sa magistrature, de sa formation complexe, de ses règnes agités, sans être trop courts, et du principe vital qui fit son unité croissante et sa force invincible.

Ce livre, avec trop peu de détails sur la Gaule Romaine, a paru, de l’invasion des Franks à la moitié du règne de Louis XIV, offrir en quatre volumes, sans sécheresse et sans déclamation, une histoire de l’ancienne France, où ne manque aucun événement décisif, aucune figure à retenir, et où celle du peuple ailleurs trop oubliée est souvent présente au récit et à la pensée.

L’âme du livre est dans l’esprit religieux de l’auteur. Mais cet esprit se liant de lui-même à l’influence sociale du