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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/499

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culte sur une nation guerrière lentement civilisée, ne semble que mieux assorti à la peinture de ces grands règnes de temps demi-barbares ou si violemment tourmentés, Charlemagne, Hugues Capet, saint Louis, Philippe-Auguste.

Si l’auteur exagère ce qu’il nomme le droit public du moyen âge, en le définissant d’après un paradoxe moderne, bien plus que par la tradition et par Bossuet, cette erreur, dont il aura plus tard à se défier, n’affaiblit pas l’intérêt moral et le sentiment élevé de son ouvrage.

Ce sentiment s’accroît à mesure que l’auteur avance vers la lumière. Il étudie avec scrupule, raconte avec âme, juge avec une ferme raison les guerres imprudentes de la France et ses guerres civiles, le règne brillant et malheureux de François Ier les troubles qui suivirent, et, après tant de maux, le génie réparateur de Henri IV.

A partir de cette époque, l’histoire, devenue plus politique, plus chargée d’événements, de problèmes et de témoignages, n’est pas moins habilement résumée par le nouvel écrivain. Il intéresse, en abrégeant ; il peint avec les couleurs vraies du passé, et il juge avec l’expérience. Louis XIII et Richelieu ont, dans ces récits, leurs missions de condescendance sensée, quand elle n’était pas extrême, et d’activité créatriccf ; et les faits s’expliquent d’autant plus que les caractères sont mieux compris.

La Fronde et Mazarin, l’état social de la France, sa puissance au dehors, tout autrement grande que son bien-être, ne sont pas décrits avec moins de vérité, et le nouveau règne, ainsi préparé, offre, dans l’importance des événements, et bientôt dans le travail du prince, dans sa diplomatie et ses lois, dans les triomphes de la guerre et le luxe