Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/580

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L’OURS ET SES CONSEILLERS.




Dans un vallon des Pyrénées,
Une famille d’ours régnait de père en fils.
Ce n’est pas de mon temps ; mais on tenait jadis
À ces coutumes surannées ;
Et l’ours dont je vous parle était toujours heureux,
Surtout dans ses vieilles années,
De vivre avec son peuple et d’écouter ses vœux.
Or, une vieille pie, intraitable bavarde,
Du haut d’un chêne vert lui criait tout le jour
Que les abus perdaient ses États et sa cour ;
Qu’il était temps d’y prendre garde.
Mon bonhomme de roi voulut donc s’informer
De ceux que sa justice aurait à réformer.
La Margot, qui pour elle aimait fort l’abondance.
Lui dit alors que, par son indulgence,
Des milliers de corbeaux trop longtemps enhardis,
Et des climats du Nord par les glaces bannis,
Venaient de ses sujets dévorer la substance.
Qu’en un mot il fallait en purger le pays.
Le renard se plaignit que par scélératesse.
Dans le creux des rochers presque voisins du ciel.
Les abeilles faisaient leur miel.
Qu’on n’en trouvait d’aucune espèce
Pour les rhumes de sa hautesse,