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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/594

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Tous les brochets, gros et menus,
Furent traqués, emportés et vendus ;
Et quand sa haine vigilante
De cette race dévorante
Crut avoir extirpé le dernier rejeton,
Il rendit à l’étang ses eaux et son poisson.
Soins superflus, peine inutile !
Un peu de vase, aux balais échappé,
Au frai de mes brochets avait servi d’asile ;
Et dans son fol espoir l’amateur est trompé.
Mais cette double épreuve éclaire sa folie ;
Il se résigne à supporter
Les maux qu’il ne peut éviter ;
Et, loin de s’engouer de leur folle utopie.
Nos grands réformateurs devraient bien imiter
Cette saine philosophie.
Quoi qu’ils puissent rêver, leurs efforts seront vains.
Les vieux temps leur diront ce que disent les nôtres,
Qu’on ne refond pas les humains.
Chez les meilleurs des rois ou des républicains.
Il en viendra toujours qui mangeront les autres.