Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/614

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Et vous qui rejetez nos mœurs et nos défauts
Sur l’éducation, l’exemple ou la nature,
Vos jugements portent à faux :
Tout dépend de notre coiffure.




LES CASTORS ET L’ÉCUREUIL.




Non loin du Missouri, sur les bords d’un ruisseau
Qui lui portait d’une course rapide
Le modeste tribut de son onde limpide,
D’un peuple de castors s’élevait le hameau.
Ce peuple aime des lacs l’eau profonde et captive ;
Et ce ruisseau bruyant, son onde fugitive
Importunant son oreille et ses yeux,
Il voulut que, joignant et l’une et l’autre rive,
Une digue en contînt le cours impétueux.
Le voilà donc formant deux troupes séparées,
Qui rongent tour à tour de leurs dents acérées
Un sapin vigoureux sur la grève planté.
Quand du faîte de l’arbre un cri se fait entendre.
Et vers les travailleurs se hâte de descendre
Un écureuil épouvanté.
« Arrêtez ! » leur dit-il d’une voix attendrie ;
« Grâce pour ce sapin, grâce, mes bons amis !