Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/207

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dire l’art mititaire et la vateur conduite par l’esprit. La Grèce depuis ce temps-là... ne pouvait souffrir que l’Asie pensât à la subjuguer, et en subissant ce joug, elle eût cru assujettir la vertu à la volupté, l’esprit au corps et le véritable courage à une force insensé qui consistait seulement dans la multitude. » Nous sommes suspects, je le sais bien, quand nous répétons ces paroles, qui ne sont cependant pas d’un « professeur » mais d’un évêque ! Et nous le sommes encore quand nous saluons dans les Grecs les ouvriers de la Renaissance ; quand nous voyons en eux les maîtres de nos Ronsard, de nos Racine, da nos Fénelon, de nos Chénier ; quand nous insinuons enfin que, s’il y a d’honnêtes gens partout, il n’y a pas « d’honnête homme », sans un peu de grec. Nous sommes dans le pays de Molière et cette opinion a contre elle d’avoir été partagée par Vadius ! Mais, au lieu de venir de nous, quand de pareilles affirmations tombent des lèvres d’un grand poète, comme M. Leconte de Lisle, ou quand elles viennent de vous, Monsieur, le monde s’avise à ce coup que, pour préférer les dialogues de Platon ou les discours de Démosthène... à d’autres, on n’est point forcément un pédant, et que l’on peut même en être le contraire. Ce que le public ne comprenait pas, que l’on fit du grec pour rien, pour le plaisir, sans un commandement exprès du roi, — je veux dire sans une espèce d’obligation alimentaire, il commence à l’entendre. Votre exemple lui sert d’une leçon, ou tout au moins d’un avertissement, et en même temps qu’il ne cache pas sa surprise, son étonnement joyeux, de retrouver