Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ébloui de ce regard et tout frémissant de ces paroles, restait immobile devant les larges plis du damas pourpre.

Belle-Rose tressaillit, et, plein de trouble, suivit le guide. Ils descendirent les marches, traversèrent la forêt sans voir aucune ombre cette fois, et montèrent dans le carrosse. Le page abaissa les stores, et, deux heures après, la voiture s’arrêtait à l’entrée de la rue de Vaugirard. Un laquais ouvrit la portière, Belle-Rose descendit et l’équipage partit au galop. Quand Belle-Rose arriva au coin de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice, l’honnête M. Mériset était dans un grand trouble. Le digne propriétaire n’avait pas voulu se coucher. Sa lampe, éteinte ordinairement vers neuf heures, veillait encore, deux heures après minuit, et debout derrière ses volets entrebâillés, il jetait des regards pleins d’anxiété dans les ténèbres de la rue.

– Ah ! monsieur Belle-Rose ! que vous me tirez d’inquiétude, dit-il au sergent, je craignais que vous ne fussiez mort.

– Je ne le suis point encore tout à fait, mais ça pourra venir.

– Ne parlez donc pas de cette façon lugubre… à l’heure qu’il est, ce sont de mauvaises conversations.

– Est-ce donc pour vous assurer que je suis bien vivant que vous m’avez attendu ?

– C’est aussi pour vous remettre ce papier qu’un gentilhomme a laissé après être venu deux fois. Il m’a vivement recommandé de ne le donner qu’à vous, m’assurant qu’il s’agissait d’une affaire d’importance.

Tandis que M. Mériset parlait, Belle-Rose avait déjà ouvert le pli, et, à la clarté de la chandelle du propriétaire, il lisait ces quelques mots :


« M. de Villebrais n’est point mort, bien qu’il ne soit pas en état de se lever de longtemps, s’il se lève jamais ; il a parlé, et le secret de votre rencontre a été confié à des gens qui ont sans doute donné des ordres pour