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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/179

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– De quoi s’agit-il ?

– De notre capitaine.

– M. de Nancrais ! Mais je viens du quartier, et l’on m’a dit qu’il était absent pour affaire de service.

– C’est qu’apparemment on ne savait rien encore.

– Et que sais-tu, toi ?

– M. de Nancrais est en prison.

– Lui ! et pourquoi ?

– Il a manqué aux ordres du général.

– Une infraction à la discipline, lui, notre capitaine ! C’est impossible !

– Je vous dis que je l’ai vu. Vous en parlerais-je autrement ?

– Mais comment cela s’est-il donc fait ?

– Je n’y comprends rien encore ! Mais que voulez-vous ? Depuis la mort de son frère, M. de Nancrais est méconnaissable. Lui, autrefois si calme, est à présent comme un enragé. L’odeur de la poudre le rend fou ; il n’a pas plus de patience devant l’ennemi qu’une mèche de canon devant le feu !

– Mais l’affaire ! l’affaire ?

– La voici. Il faut d’abord que vous sachiez que M. le duc de Luxembourg a, par un ordre du jour, défendu aux soldats de se hasarder hors d’un certain rayon autour du camp ; il leur a surtout prescrit, sous peine de mort, d’éviter toute espèce d’engagement avec l’ennemi. La proclamation a été affichée partout, et lue dans les chambrées. On dit tout bas que M. de Luxembourg veut, avant d’agir, attendre l’arrivée du roi, lequel, comme vous le savez, doit, de sa personne, prendre part aux opérations.

– Laisse le roi, et arrive à M. de Nancrais.

– Or, aujourd’hui, vers midi, M. de Nancrais passait à cheval du côté de Gosselies. Il était en compagnie de quelques officiers des dragons de la reine et du régiment de Nivernais. Un parti d’éclaireurs espagnols avait passé la Piélou et pillait un hameau. Quelques-uns des nôtres s’échauffèrent à cette vue. – N’était l’ordre