Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/227

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À ce baiser, une joie inespérée emplit le cœur de Geneviève. Elle renversa sa tête en arrière et roula ses bras défaillants autour du cou de Belle-Rose.

– Mon Dieu ! je ne souffre plus, dit-elle.


Le lendemain, au point du jour, quand Belle-Rose ouvrit les yeux, il était seul. Un instant il crut qu’un rêve enflammé avait troublé son imagination ; le silence l’entourait, mais un vague et doux parfum dont l’air était imprégné lui rappelait que Mme de Châteaufort était venue dans sa tente. Il se leva tout troublé, et comme il la cherchait partout, s’attendant à la voir surgir de quelque côté, ses regards tombèrent sur une rose fanée dont les pétales jonchaient le sol au pied du lit. À cette vue, le jeune officier se couvrit le visage de ses deux mains.

– Ô mon Dieu ! dit-il, hier encore j’aimais Suzanne !

Ses yeux ne pouvaient se détacher de la pauvre fleur abandonnée dont les insaisissables parfums montaient jusqu’à son cœur comme un mélancolique reproche. Il se baissa tristement, et ramassant les pétales flétris, il les serra dans un médaillon qu’il suspendit à son cou.

– Pauvres feuilles ! murmurait-il en les pressant contre ses lèvres, vous êtes toujours douces et suaves comme celle dont vous venez.

Comme il achevait son odorante moisson, le sergent la Déroute entra sous la tente.

– Il y a là un homme qui vous demande, lui dit-il.

– Le connais-tu ?

– Non, mais c’est à vous seul qu’il veut parler.

– C’est bien, qu’il attende une minute, et je suis à lui.