Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/294

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vous qui êtes secourable aux affligés, vous prendrez ma misère en pitié… Cet amour que je lui ai voué est maintenant pur de toute mauvaise pensée… C’est un asile dans lequel je me réfugie… C’est une autre vie dans ma vie… Voyez, mère de Dieu, j’assiste aux funérailles de mon cœur ; je suis pleine d’angoisse, et mon âme crie vers vous dans cette solitude où je pleure. Qu’il soit heureux, sainte mère du Christ, et qu’elle soit heureuse, lui comme elle, elle comme lui, unis tous deux dans ma prière ; elle est honnête, pure et radieuse comme l’un de vos anges, je suis une pauvre pécheresse qui ai marqué mes jours par mes fautes… Je n’ai plus d’espérance qu’en vous !… Il m’a pardonnée sur la terre, me pardonnerez-vous dans le ciel ?

« Je souffre, mon Dieu ! je souffre. Tout mon courage s’en est allé par les blessures de mon cœur… Je me sens mourir chaque jour ; la vie est pour moi comme un désert… De tout ce que j’aimais il ne reste rien… ni lui, ni mon enfant… Dites, Vierge divine et sainte mère, n’est-ce point assez d’un si dur châtiment ? Faites au moins que le bonheur lui sourie… écartez de son chemin toutes peines et donnez-les-moi… que j’en meure et qu’il vive… J’embrasse les pieds saignants de votre fils et les couvre de mes larmes ; mon cœur est brisé… Miséricorde sur moi, mon Dieu !… »

En ce moment, on entendit sonner autour de la chapelle le galop de plusieurs chevaux qui s’éloignaient avec la rapidité de la foudre. Geneviève cacha sa tête entre ses mains.

– Perdu ! mon Dieu ! perdu ! dit-elle.

Suzanne entra dans la chapelle ; elle était un peu pâle, mais ses yeux brillaient de joie. Après avoir cherché quelques minutes, ne voyant rien, elle vida sa bourse dans un tronc et sortit. Une voiture l’attendait à quelques pas de là ; elle y monta et reprit le chemin de Paris. Deux ou trois pauvres femmes qui étaient dans la