Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/365

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prière des agonisants. L’abbé de Saint-Thomas-d’Aquin, qui était le confesseur du couvent des dames bénédictines, se rendit à la cellule de la sœur Gabrielle de la Rédemption, portant le saint viatique et précédé d’un enfant de chœur qui agitait une sonnette d’argent. Suzanne ouvrit la porte au pieux cortège ; celles des sœurs qui n’étaient pas à la chapelle s’agenouillèrent dans le corridor, et Gabrielle, à la vue de l’homme de Dieu, se dressa. L’abbé, qui était un pieux et bon vieillard, s’approcha du lit où gisait Gabrielle, la jeune mourante joignit ses mains et s’apprêta à la confession. L’approche de la mort avait répandu sur tous ses traits une douceur ineffable ; un doux sourire entr’ouvrait sa bouche, et la candeur virginale de son front avait une grâce qui n’appartenait déjà plus à la terre. À la vue de cette enfant, qui rendait son âme à Dieu sans trouble et sans effort, le vieux curé comprit qu’il n’avait rien à pardonner.

– Parlez, ma fille, lui dit-il d’une voix émue ; bientôt vous serez près de celui qui console et bénit, et vous prierez pour nous.

Gabrielle raconta sa vie en quelques mots ; il y avait longtemps que le curé la connaissait ; elle avait aimé, elle avait souffert, elle allait mourir. On n’entendait pas d’autre bruit que la petite sonnette d’argent qui tintait, le murmure lointain des chants religieux qui flottait dans l’air comme une harmonie céleste, et les sanglots étouffés des jeunes novices qui pleuraient autour de Suzanne.

– Allez en paix, vous qui n’avez pas péché ! dit l’abbé en étendant ses mains tremblantes sur le front incliné de Gabrielle ; les anges du ciel vous attendent !

Le saint homme prit l’hostie consacrée et la présenta à Gabrielle. Toutes les têtes s’abaissèrent en même temps que les cœurs s’élevaient à Dieu. La mère Évangélique seule ne pleurait pas. Gabrielle souriait. Après que Gabrielle eut pris l’hostie, le vieil abbé lui mit aux