Aller au contenu

Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Après que la porte de l’abbaye de Sainte-Claire d’Ennery se fut refermée sur les fugitifs, M. de Pomereux se tourna vers M. de Charny.

– Eh bien ! monsieur, lui dit-il, à présent que tout est fini, ne vous semble-t-il pas qu’il serait bien temps de souper ?

– Le bal pourrait bien venir après le souper, répondit M. de Charny, à qui il n’était plus rien resté de sa violente colère qu’un léger tremblement dans la voix ; mettez-vous en quête d’un cabaret, moi je me rends à Paris.

– Chez mon glorieux cousin, sans doute.

– Chez M. de Louvois, à qui je ferai part du secours que vous m’avez prêté dans toute cette affaire ; je ne doute pas qu’il ne vous en témoigne lui-même sa vive satisfaction.

– Parbleu ! mon cher monsieur de Charny, je compte assez sur votre amitié pour être assuré que vous serez le premier à m’en apporter la nouvelle.

M. de Charny rangea sa petite troupe et donna le signal du départ. M. de Pomereux, qui avait cette nuit-là une furieuse démangeaison de parler, poussa son cheval auprès de M. de Charny.

– En somme, reprit-il, l’aventure est désastreuse ; j’y perds un cheval mort au service du roi : un cheval qui, pour le dévouement, ne le cédait point au chien de Montargis ; j’en ai trois ou quatre autres qui sont fourbus ; j’y perds encore une femme que j’étais en train d’adorer, et j’ai mes habits tout déchirés en vingt endroits ; tout compte fait, c’est un total de sept ou huit infortunes dont vous me voyez marri.