Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/478

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branche de coudrier. J’ai conclu une petite affaire tout à l’heure.

– Quelle affaire ?

– Un cadet de famille qui va je ne sais où, a perdu cette nuit tout son argent comptant au lansquenet contre un maltôtier ; je lui ai offert vingt pistoles de son équipement, qu’il m’a tout de suite cédé, et le voilà : il y a l’épée et les pistolets ; quant à moi, j’ai pris la défroque du valet. Les armes sont en bon état, et si les gens de M. de Charny ont envie de nous dire deux mots, ils trouveront à qui parler.

Belle-Rose passa l’épée à sa ceinture, mit les pistolets dans les fontes et l’on s’engagea dans la forêt des Ivelines. Au bout d’une heure, on traversa le bois de la Selle, qui touche au bois de Rochefort. Il était à peu près dix heures quand on vit les premières maisons du bourg éparpillées dans les champs. Un petit garçon rôdait le long d’une haie, cueillant des mûres sauvages.

– Hé ! mon ami ! lui cria Belle-Rose, indique-moi, s’il te plaît, le logis du vieux Simon le garde ; tu auras une pistole pour ta peine.

– Suivez-moi d’abord et gardez votre pistole après, répondit l’enfant, qui se tourna du côté de Belle-Rose.

C’était un bel enfant, fier et souriant ; ses yeux étaient humides et doux, ses joues fraîches et brunies par le soleil, sa bouche rouge comme une cerise. Il secoua sa tête toute chargée de longs cheveux plus fins que la soie, et prit un sentier dans les prés. Belle-Rose le regardait marcher d’un pas ferme et rapide, s’arrêtant parfois pour cueillir une marguerite ou prenant sa course comme un chevreuil ; sa taille souple et délicate se ployait comme un jonc ; il bondissait parmi les herbes et franchissait les ruisseaux comme s’il avait eu des ailes aux pieds. Belle-Rose pensa à l’avenir et demanda à Dieu de lui envoyer un enfant qui fût semblable à celui-là. De temps à autre, le petit garçon se retournait pour regarder