Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/479

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si les deux étrangers le suivaient, et l’on voyait ses dents de perle briller dans un sourire. Au bout d’un quart d’heure de marche à travers champs, on arriva devant une maisonnette dont la façade était ornée de grands lierres qui lui faisaient une cuirasse verte et gaie ; les hirondelles avaient leurs nids aux coins des fenêtres, et les giroflées mêlées aux liserons et aux pariétaires fleurissaient aux abords du toit de chaume. Il y avait des noyers derrière la maisonnette, un petit pré devant où paissaient deux ou trois belles vaches, et tout à côté un jardinet tout rempli d’arbres fruitiers. Un poulain accourut au galop vers l’enfant, fouettant l’air de sa queue, grattant l’herbe du pied, joyeux et frémissant ; mais à la vue des étrangers il s’arrêta court, hennit, tendit son cou et partit comme un trait.

– Il est doux, mais farouche comme une chevrette, dit l’enfant, qui se mit à siffler pour rappeler le poulain.

À ce bruit connu, le poulain pirouetta sur ses jarrets, ne voulant pas avancer, mais n’osant déjà plus reculer. Les vaches paisibles tournèrent leur tête pesante vers l’enfant et firent quelques pas jusqu’à la lisière du pré ; deux chiens vinrent, en jappant, se rouler sous ses mains caressantes, et une bande de poules, avec leurs poussins, accoururent en caquetant ; la maisonnette semblait se réveiller. Ce tableau rappela à Belle-Rose le temps où il vivait dans la maisonnette voisine du faubourg de Saint-Omer ; c’était la même paix, la même grâce et la même innocence. Une voix le tira de sa rêverie ; cette voix était celle du vieux garde, que tout ce bruit avait conduit hors de la chaumière.

– Voilà, père, dit l’enfant, deux étrangers qui désirent te parler.

Le garde s’approcha et salua Belle-Rose.

– Qu’y a-t-il pour votre service, mon gentilhomme ? dit-il.