Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/52

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– C’est ton affaire. Tu connais le régime de ma compagnie, te plaît-il toujours d’y entrer ?

– Oui, capitaine.

– M. d’Assonville me parle de toi comme d’un garçon déterminé. Tu as vu le feu, dit-il, et tu t’y es bien conduit.

– J’ai fait mon devoir.

– C’est bien. À partir d’aujourd’hui, tu es soldat dans ma compagnie ; souviens-toi de suivre toujours la ligne droite, et ne m’oblige pas à te punir ; je le ferai sans pitié, d’autant plus que m’étant recommandé par mon frère, je veux que tu sois digne de sa protection. Le nom de ton père m’engage d’ailleurs à redoubler de sévérité à ton égard ; je prétends lui prouver que tu mérites d’être son fils.

Jacques s’apprêtait à répondre ; M. de Nancrais l’arrêta d’un geste.

– Tu t’appelles Jacques ! continua-t-il.

– Oui, capitaine.

– C’est un nom de bourgeois : il n’en faut pas au régiment. Tu t’appelleras…

– Comme vous voudrez.

– Parbleu ! c’est bien ainsi que je l’entends ! Tous les soldats ont un nom.

– Oui, un nom qui n’est pas le leur.

– Mais c’est le mien ! Crois-tu, par hasard, que j’aie besoin de leur consentement pour les baptiser ?

– Est-ce encore de la discipline ? demanda Jacques en rougissant.

– Oui, mon garçon, répondit M. de Nancrais, qui ne put s’empêcher de sourire. Mais, mordieu, je le tiens, ton nom : il est écrit sur ton visage !

– Ah ! Ainsi, je m’appelle ?…

– Belle-Rose.

M. de Nancrais agita sa sonnette ; un soldat de planton dans l’antichambre entra, le capitaine lui dit quelques mots à l’oreille, le soldat sortit et revint cinq minutes après avec un caporal de sapeurs.